
Anne Simon (CNRS – ENS-PSL), Imaginaires zoopoétiques : interroger l’animalité, figurer les animaux
14 mai 2025, 18h-20h, SALLE PIERRE ALBOUY 685C-689C(bâtiment C, 6e étage) (attention, changement de salle par rapport au Programme téléchargeable)
Université Paris Cité – Campus Grands Moulins
5, rue Thomas Mann – Paris 13e
Le propos zoopoétique est aujourd’hui répandu. Il va de nombreux masters ou doctorats traitant de cette question à des lieux de cultures divers et variés – une libraire se plaignait récemment d’une véritable « infestation » de ses rayonnages par un « essaim » d’essais, de fictions, de recueils de poésie ou de récits sur l’animalité… « L’animalité » ? Qu’imagine-t-on avec ce mot ? Que ou qui figure-t-on, et comment ?
Il a fallu des années pour conférer à la zoopoétique sa légitimité, qui consiste à prendre au sérieux la volonté pluriséculaire des écrivains d’intégrer dans l’ordre et les désordres du langage les bêtes pour elles-mêmes, et de brouiller les frontières de l’allégorie. Puisque la littérature relève d’un imaginaire humain, n’est-ce pas un paradoxe ?
Ce sont ces questions que l’on explorera, et avec elles les puissances animales du langage.
Directrice de recherche au CNRS et professeure à l’ENS Ulm, Anne Simon est une pionnière en Europe des études de zoopoétique. Elle a publié Une bête entre les lignes. Essai de zoopoétique (Marseille, Wildproject, 2021) et codirigé plusieurs collectifs sur le sujet, dont : Zoopoétique. Des animaux en littérature moderne de langue française (Revue des Sciences humaines, n° 328, 2017) ; Face aux bêtes/Facing Animals (L’Esprit créateur, n° 51, vol. 4, 2011). Elle anime depuis 2011 le carnet Animots consacré à la recherche en zoopoétique et à l’actualité littéraire, artistique et scientifique sur l’animalité et les interactions entre les vivants et le monde. Elle est aussi membre du comité de pilotage de la Biennale du Vivant 2023 et 2025.
Présentation du séminaire
Séminaire de l’axe « Arts et créations au présent » organisé par Pascal Mougin et Cécile Narjoux
CERILAC – Centre d’Études et de Recherches Interdisciplinaires en Lettres, Arts et Cinéma, Université Paris Cité
Qu’en est-il aujourd’hui de la notion de création ?
Parce que les figures romantiques de l’artiste démiurge et du génie solitaire ont été mises à mal par l’art lui-même, les artistes contemporains héritiers de Dada, Duchamp, de l’art minimal et de l’art conceptuel privilégient les pratiques d’appropriation et de détournement, l’esthétique relationnelle, l’intervention militante ou la recherche, tandis que la littérature s’attache au document, à l’enquête de terrain, voire au ready made et aux pratiquesd’uncreative writing. Le travail créateur n’en garde pas moins un fort prestige symbolique et une aura d’exceptionnalité. Associé à un idéal vocationnel infiniment désirable, il semble promettre un accomplissement de soi dégagé des déterminismes. Mais qu’en est-il quand la théorie économique évoque la « destruction créatrice » ou la « création de richesses », quand le « capitalisme artiste » en quête d’innovation perpétuelle prône le « management créatif », quand la créativité fait l’objet d’une injonction sociale généralisée – « tous créatifs ! » – invitant à l’esthétisation des pratiques et à la stylisation des modes de vie, et quand, enfin, se multiplient les hypothèses de créativités non humaines – celle de l’animal ou du vivant – voire d’une éventuelle créativité machinique, via l’IA générative ?
Le séminaire invite des artistes, des écrivain·e·s et des spécialistes de diverses disciplines (esthétique, sciences de l’art, théorie littéraire, droit, sociologie, économie) à s’interroger sur le sens du mot et la réalité des pratiques correspondantes.
Organisation et contact
Pascal Mougin – pascal.mougin@u-paris.fr
Cécile Narjoux – cecilenarjoux.univpariscite@gmail.com