Éc(h)opoétiques : chanter, écouter, éprouver les lieux. Rencontres interdisciplinaires autour de Steven Feld

Aux côtés de l’anthropologue du sonore de renommée internationale Steven Feld, ethnomusicologues, littéraires et anthropologues exploreront une approche interdisciplinaire en écopoétique et montreront, à travers les productions orales et musicales bosavi (Papouasie, Nouvelle Guinée), aborigènes d’Australie, mongoles, sámi, bretonnes et peules du fleuve Sénégal comment l’expérience des lieux nourrit et façonne la création artistique verbale, orale et chantée. Mercredi 29 mai à l’Inalco.
Un oiseau est posé sur une feuille devant une cascade dans la forêt tropicale
Le LLACAN (Langage, Langues et Cultures d’Afrique Noire) et le CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) organisent à l’Inalco une journée autour de l’approche écopoétique avec Steven Feld, anthropologue du sonore (Université du Nouveau mexique).Mercredi 29 mai 2019 de 10.00 à 18.30 à l’auditorium
Inalco – PLC – 65, rue des Grands Moulins – 75013 Paris

Organisation : Mélanie Bourlet, Marie Lorin (Inalco/LLACAN), Katell Morand (Paris X – Centre de Recherches en Ethnomusicologie)

 

Cette journée, organisée en collaboration avec le CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) à Paris X-Nanterre, rassemblera des ethnomusicologues, littéraires, anthropologues, linguistes afin d’explorer une approche écopoétique qui rende compte de la façon dont l’expérience des lieux nourrit et façonne la création artistique verbale, orale et chantée notamment. Elle interrogera en particulier l’influence et les échos actuels des propositions théoriques de l’anthropologue du sonore Steven Feld, une vingtaine d’années après la parution en 1996 dans Senses of places de « Waterfalls of Song. An Acoustemology of Place Resounding in Bosavi, Papua New Guinea », prochainement traduit en français dans le cadre d’un numéro spécial des Cahiers de Littérature Orale (à paraître en 2020). Dans cette étude, Steven Feld pose l’hypothèse d’une connaissance acoustique du monde (celui de la forêt tropicale) qui s’exprime chez les Bosavi dans une cartographie chantée fondée entre autres sur les divers motifs mélodico-rythmiques de l’écoulement de l’eau. On y voit comment se dessinent, dans une culture donnée, des poétiques proprement écologiques, qui mettent en relation les mondes humains et non-humains et qui, marquées par l’expérience subjective de ces lieux, ouvrent à la créativité personnelle tout un champ de possibles.

Aux côtés de Steven Feld, qui présentera ses travaux récents chez les Bosavi, les participant.e.s à cette journée sont invités à présenter leur travail témoignant d’une tentative d’attention conjointe à l’écoute des lieux et à des formes sonores et langagières de créativité. Il s’agira de penser un rapprochement des disciplines et méthodes représentées pour l’étude des productions langagières orales (dont nous postulons l’importance dans la réflexion écopoétique en plein développement en France), afin de répondre à la question suivante : que peut-on saisir de l’originalité, de la performativité et de l’adaptabilité (parfois, de la résilience) de poétiques traduisant une diversité de points de vue et donc de modes de relations ? Dans quelle mesure ces chants et ces poèmes peuvent-ils constituer autant de voix situées, dans des contextes historiques parfois marqués par des processus de transformations des terres et des modes de vie, sous l’effet des changements climatiques et/ou des actions humaines ?

Les interventions concerneront les chants bosavi, mongols, sâmi, du fleuve Sénégal et aborigènes d’Australie, avec la présence exceptionnelle et amicale de Barbara Glowczewski (Collège de France). Un numéro spécial des Cahiers de Littérature orale est prévu en 2020 et comprendra une traduction inédite d’un article de 48 pages de Steven Feld.

Steven Feld

Steven Feld et un homme bosavi (Papouasie Nouvelle Guinée) en train d'écouter de la musique

Anthropologue internationalement reconnu, vidéaste, musicien et artiste sonore, Steven Feld est également professeur d’anthropologie émérite à l’Université du Nouveau Mexique. Ses recherches portent principalement sur l’« anthropologie du son », expression qu’il a inventée en 1972 pour étendre l’anthropologie de la musique et du langage à une critique plus sensorielle et à une attention aux voix et aux poétiques, aux relations inter-espèces, aux médias et aux technologies ainsi qu’aux acoustiques écologiques et environnementales. Entre 1975 et 2000, il a mené une étude dans la région forestière Bosavi en Papouasie Nouvelle Guinée, recherchant les relations entre sons ambiants de l’environnement, chants d’oiseaux, écoulement de l’eau, poétiques et chants. En savoir plus sur les travaux de Steven Feld : Acoustemology, anthropology of sound, voice, image, sense & place.

Un événement organisé dans le cadre du projet de recherches Jeunes Chercheurs ANR/Ville de Paris
EcoSen « Pour une analyse écopoétique des littératures du fleuve Sénégal », porté par l’Inalco et le LLACAN.
Montage de logos pour Ecopoétiques